Pensées profondes d'une fille écervelée

Je n’aime pas ce mot : seule.

C’est pourtant ce que je suis.

Seule.

Quand la porte a claqué, je n’ai pas réalisé tout de suite. Pour moi, il allait revenir. Il allait se calmer, on en discuterait plus calmement, et puis on ne serait plus fâchés. Comme à chaque fois.

C’est vrai, quoi, on ne part pas pour une dispute ridicule. On ne part pas comme ça, en claquant la porte, juste parce qu’on n’est pas d’accord. On ne part pas comme ça, c’est tout.
Si encore le ton était monté ? Mais depuis quelques mois, le ton ne montait même plus. Il se contentait de me regarder d’un air navré et il partait s’isoler, comme pour éviter la discussion. Comment vouliez-vous que je fasse valoir mes arguments s’il ne voulait même plus les entendre ?

Je crois bien qu’il ne m’aime plus.

C’est la première pensée qui m’a traversé l’esprit, quand, le front sur la porte, je guettais le bruit de ses pas dans l’escalier. Lorsque j’ai entendu se refermer la porte d’entrée, trois étages plus bas, je me suis assise, dos à cette maudite porte, et j’ai attendu.

Qu’il se calme. Qu’il revienne. Qu’il m’aime de nouveau.

Mais il ne m’aime plus.

Ca va faire trois semaines que la porte a claqué sur notre couple, le tranchant littéralement en deux.

Une moitié est partie, l’autre est restée. L’autre moitié, pour ce qu’il en reste.
Il était la moitié de nous et la moitié de moi. Il me reste quoi maintenant ? Un quart ? C’est sûr que, de son point de vue, un quart, ça ne doit pas peser lourd.

Je sais qu’il est revenu quand j’étais absente. Je le sais, parce que ses affaires ne sont plus là. Il reste bien quelques bricoles. Le sweat qu’il mettait quand il était décidé à faire des travaux. Ses CD, là, dans une boîte sous la télé. Et puis une paire de chaussettes qui s’était glissée sous le lit. Rien que de très remplaçable.

Comme moi, je suppose.

Il va me remplacer, si ça n’est pas déjà été fait.

Ca va faire trois semaines que la porte a claqué. J’ai bien dû continuer à vivre. Il a bien fallu retourner au travail. Il a bien fallu que je mange, que je dorme, que je respire. Même si toutes ces choses sont devenues incroyablement difficiles. Respirer surtout.

Souvent, dans le silence de l’appartement, je crois entendre une respiration. Je me retourne, je le cherche. Mais il n’y a personne d’autre que moi. Alors mon souffle s’arrête, pour ne plus faire de bruit, pour laisser une chance à son souffle à lui de se faire entendre.

Mais je suis toute seule, il n’y a pas d’autre souffle que le mien.

Quelques fois, avant que la porte ne claque, il venait me surpendre en me soufflant dans le cou ou doucement dans une oreille, parce qu’il savait que ça me chatouillait terriblement.

Je ne sais pas ce qui me manque le plus. Sa présence ou ce souffle ?

Ca va faire trois semaines, et j’entends toujours la porte claquer, encore et encore, sur les rêves que nous avions ensemble. La porte a claqué sur une maison, sur un jardin, sur un enfant.

Je suis seule dans cet appartement. Seule avec mes pauvres rêves que je ne réaliserai pas avec lui, seule avec le fantôme de notre histoire.

Toute seule.

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Katia

Bloggeuse amateur & Ecrivain dilettante

Non, ce n’est pas moi sur la photo et c’est la raison pour laquelle j’écris et que je ne fais pas de vidéos.
Rêver sa vie ou vivre ses rêves ? J’avoue que je n’ai pas encore choisi. Et vous ?

Katia Lacourte

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