Les articles fleurissent sur la façon d’élever nos garçons dans l’après #metoo.
Je vous ferai grâce des conseils éclairés, d’autres l’ont déjà fait, et mieux que moi.
Quand j’ai su que j’attendais un garçon, je me suis dit que j’avais là l’occasion de changer le monde, d’influencer à la source un petit d’homme. Lui inculquer le respect d’autrui, lui expliquer que rien n’était gravé dans le marbre en ce qui concernait le rôle des hommes dans notre société.
Je me disais qu’avec un père « infirmière » qui était pour le partage équitable des tâches, il ne pouvait que bien tourner.
Quand Mister Pachou a commencé à grandir, j’ai bien vite vu que nous ne disposions pas du modèle standard avec option foot et bagarres. J’avais pensé devoir combattre ses instincts de mâle, je me retrouvais avec un enfant hypersensible, qui pleurait dès qu’il se sentait agressé.
Je me suis irritée de cette sensibilité, véhiculant sans m’en rendre compte cette idée que les garçons ne pleurent pas.
De même, quand Miss Carotte est venue au monde, j’étais décidée à ne pas en faire une « princesse ». Et pourtant, dès qu’elle a été en âge de m’aider à la maison, je me suis rendue compte que je la sollicitais plus que son frère.
En commençant à écrire cet article, je m’étais attribuée le beau rôle, en déclarant que je prônais l’égalité des sexes quand la société tentait de démonter mon éducation.
Mais en fait, le patriarcat était bien plus ancré en moi que je ne le pensais. J’avais, par mes actions ou mon absence d’action, contribué à propager l’idée d’une différence de traitement.
Mister Pachou a eu sa chambre bleue et Miss Carotte sa chambre rose. Il a eu un bateau pirate et elle, ses robes de princesse. C’était tellement naturel qu’il ne nous est jamais venu à l’idée que nous perpétuions le modèle.
Aujourd’hui, le constat est différent. Les ados sont plus ouverts à la discussion que des enfants de 4 ans, il est plus aisé de faire passer le message.
J’ai également mis de l’eau dans mon vin et suis devenue moins extrémiste dans mon féminisme.
Charlotte abhorre le rose mais adore la danse classique et la couture.
Sacha déteste le foot mais est fan de jeux vidéos et de BD.
Il n’empêche qu’ils savent que les tâches ménagères, c’est pour tout le monde, que le respect marche dans les deux sens et que non veut dire non, pas peut-être.
L’avenir nous dira si nous avons fait du bon boulot. Mais mes gosses sont prévenus. Ils ne seront pas à l’abri d’une bonne taloche pédagogique s’ils venaient à oublier que l’important, dans toute cette histoire, c’est d’être juste humain.