Une brise rafraîchissante entre par les fenêtres ouvertes, la lune projetant sa lumière blafarde sur la mer.
La maison est isolée, faisant disparaître les bruits de la civilisation. Parfaite combinaison pour un sommeil réparateur, mais elle ne dort pas.
Un bruit vient de la réveiller. Elle écoute, dans le silence de la maison, mais elle n’arrive pas à définir ce bruit ténu. Un cliquetis persistant dont elle ne parvient pas à déterminer la localisation.
Elle se tourne vers son compagnon, mais celui-ci dort, tout comme sa fille, dans son lit sous la fenêtre.
Sa vessie se rappelle à elle. Le bruit a cessé. Sans allumer aucune lumière, simplement guidée par la clarté de la lune, elle se dirige vers la salle de bain.
Tout est silencieux, le couple d’ami au bout du couloir, une des fillettes dans sa chambre et son fils en bas, dans le canapé du salon.
En revenant à sa chambre, elle remarque l’interrupteur du couloir, situé près du chambranle de sa porte. Elle le manipule, par curiosité et comprend l’origine du cliquetis. Elle se demande ce qui aurait pu faire bouger le bouton. Un problème électrique ? Probablement. La maison semble si ancienne. Elle se retourne, le couloir est désert.
Elle referme sa porte, s’allonge dans son lit, replaçant le drap sur ses jambes et ferme les yeux. Elle attend le sommeil.
Un claquement la fait sursauter. Elle définit rapidement que le bruit vient du rez-de-chaussée. Un autre, puis un autre. La cuisine. Les placards. Quelqu’un s’amuse à claquer les portes des placards. Trois puis quatre chocs et le silence revient.
Il est de courte durée. L’interrupteur reprend du service. Le cliquetis se fait de nouveau entendre, d’autant plus clairement qu’aucun autre son ne vient perturber le calme des lieux.
Elle rationalise. Son fils est en bas, il a probablement cherché de quoi manger, même s’il ne lui est jamais arrivé de se lever pour manger en pleine nuit. Quant à l’interrupteur, elle penche définitivement vers le problème électrique, même si elle sait que ça n’explique pas ce qui ferait bouger le bouton.
Elle s’amuse à se remémorer les films de fantômes qu’elle a regardé plus qu’à son tour. Imagine, se dit-elle en souriant, que le matelas se mette à s’abaisser, sous le poids d’une entité inconnue.
Soudain, le drap s’affaisse violemment entre ses jambes, comme par l’action d’un coup de poing.
Terrifiée, elle se redresse, battant des jambes pour faire disparaître le creux dans le drap, chasser ce qui aura produit cet effet. Elle lève les yeux, cherchant un responsable.
La chambre est vide, à l’exception de son compagnon et de sa fille, tous deux immobiles dans leurs lits respectifs.
Elle attrape son téléphone, se réfugie dans la lumière de l’écran. Mais elle est aveuglée par la luminosité trop forte et ne peut maintenant plus voir ce qui se trouve derrière son écran. Et cela la terrifie encore plus.
Elle repose le téléphone et retrouve la clarté diffuse de la lune qui envahit la chambre.
Elle est seule. Physiquement et moralement. Pourquoi réveiller son compagnon ? Il n’y a rien à voir. La croirait-il même ?
Elle se recouche, les jambes serrées, aux aguets.
Le cliquetis, encore, puis, soudainement, un cri rauque, grave qui résonne à l’extérieur de sa chambre. Elle refuse la panique, elle rationalise de nouveau, elle attribue ce cri à la chambre du fond du couloir, un cauchemar de son ami.
Mais elle sait que ce n’est pas cela.
Le silence retombe sur la maison.