J’aime bien, que dis-je, j’adore tenir des conversations dans ma tête avec des gens que je connais. Des conversations qui n’existent pas, qui ne sont jamais arrivées et qui n’existeront probablement jamais ailleurs que dans mon cerveau. Je lance un sujet, généralement assez « lourd » et j’imagine ce que la personne me répondrait, selon ce que je sais d’elle, ce que j’en comprends, ou ce que j’imagine qu’elle penserait.
Cela peut amener de magnifiques dialogues, parce que mes sujets de conversation sont toujours hyper intéressants (instant auto promo, j’ai le droit, c’est ma tête ^^), comme des engueulades épiques. Oui, je sais, je dois consulter. Merci du conseil, mon psy se régale.
Le souci majeur, c’est que mis à part le fait que je me fais les questions et les réponses et que je peux me retrouver à en vouloir à une personne sur la base de ce qu’elle m’a dit durant cette discussion, discussion, qui, je le rappelle n’existe que dans ma tête, je me retrouve surtout face à moi-même, miroir implacable de mes émotions complexes et bouillonnantes.
Cela intervient généralement lorsque j’ai suffisamment de temps de solitude devant moi pour me complaire dans cet exercice. Et aujourd’hui, depuis que Mister Man et moi sommes séparés, j’ai deux semaines par mois de temps libre, d’espace de solitude et de respiration. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, j’adore ces moments où je peux me retrouver, et faire ce que j’aime le plus, être dans ma tête. Mais ma tête est un bordel sans nom. Principalement dû au fait que je sois née comme ça, mais également parce que notre nouvelle situation n’est pas encore hyper calée. Bref, ça cogite dur.
Et aujourd’hui, j’ai eu une de ces discussions virtuelles avec un homme dont je tairais le nom, non pas qu’il lise ma prose, mais parce que je sais qu’il détesterait qu’on le reconnaisse. Je le sais, il me l’a dit dans une de nos conversations fictives ^^
Bref, le démarrage de cet échange interne était le suivant : « Et toi, tu fais quoi quand tu es tout seul ? ». Parce que c’est nouveau pour moi et que je me demande sincèrement ce que les gens font de tout ce temps libre. Je ne me rappelle plus ce qu’il m’a répondu – je crois qu’il mate la télé à longueur de journée, je n’ai pas trouvé de meilleure réponse – mais quand la question m’a été retournée, je me suis pris ma réponse interne en pleine gueule : « Moi ? Je pleure à longueur de journée. » Ce qui a, bien entendu, déclenché une salve de pleurs intempestifs de plus. La troisième de la journée.
La vérité, et ça c’est pour rassurer ma mère qui, elle, lira ma prose, c’est que ce ne sont pas des larmes de tristesse. Enfin pas complètement. Je ne suis pas triste de cette nouvelle situation. Au grand désarroi de mes amis, qui, j’en ai parfois l’impression, auraient préféré que je réagisse comme tout le monde, en étant dépressive. Peut-être parce que c’est la réaction normale, peut-être parce qu’ils sauraient mieux comment agir avec moi, qui sait. Mais je ne le suis pas. Dépressive. Enfin pas plus que d’habitude.
Mais j’ai toujours eu besoin de cette introspection, de me sonder, voir ce qui va et surtout, SURTOUT, ce qui ne va pas.
Pour les férus d’astrologie, c’est le côté scorpion hyper présent. Mourir un peu pour mieux renaître. Toucher le fond pour mieux remonter. Gratter les croûtes pour mieux cicatriser. Ok, j’arrête, ça devient crade ^^
Mais j’ai besoin de cette introspection pour évoluer. Me lancer les grosses pierres, comme dit mon psy, et voir comment je les rattrape. Bien souvent, c’est dans les dents, d’où les larmes, probablement.
Blague à part, pour la team overthinkers, peut-être avez-vous une meilleure façon de gérer les choses. Pour ma part, j’en ai essayé beaucoup. M’anesthésier avec des activités, du doom scrolling, du binge watching, mais ça ne fait pas taire les petites voix dans la tête. En tout cas, pas pour moi.
Et puis, j’ai besoin de me confronter à cette petite voix qui me dit des choses qui me saoulent, qui me blessent parfois, mais qui souvent sont juste vraies. Alors je la laisse parler, comme une petite musique de fond, dans toutes mes activités quotidiennes. Et dieu sait qu’elle est bavarde. Jamais elle ne la ferme. Et tant que je ne me pose pas pour réellement l’écouter, elle continue son monologue. Je me rappelle avoir un jour tenté de lui échapper en allant au cinéma. Cette petite peste m’a saoulé pendant tout le film et j’ai bien été obligée de l’écouter sur le chemin du retour.
En vrai, je sais très bien au fond de moi que toutes ces discussions que j’ai avec ces gens dans ma tête ne sont que les multiples facettes de cette petite voix, qui se déguise comme elle peut pour faire passer son message.
Alors, moi, quand je suis seule, je me pose sur mon canapé, je me prends un café, un plaid et je fais le silence pour la laisser me dire tout ce qu’elle juge bon de m’exposer. Et souvent, toujours en fait, elle me dit des vérités que je dois entendre si je veux avancer. Des vérités qui font mal, des choses que j’aurais préféré ne pas entendre sur moi, sur mon rapport aux autres et à moi-même. Mais on ne grandit pas si on ne se confronte pas à sa part d’ombre et si on ne l’accepte pas. Après tout, nous avons tous un côté sombre, rempli de démons, d’actions ou de pensées qu’on aurait préféré oublier. Mais évitez-les et ils viendront vous hanter de bien des manières.
J’ai récemment dit à un ami qu’on avait l’obligation d’être honnête envers soi-même et de se responsabiliser si on voulait avancer sur notre chemin. Notamment si on voulait éviter d’avancer au détriment des gens que l’on croise et auxquels on tient. Alors je conviens qu’être en crise existentielle perpétuelle est contraignant, et que les crises de larmes qui en découlent épuisantes, mais je ne changerais ce fonctionnement pour rien au monde. Parce qu’aussi déstabilisant que cela puisse être, je sais que je suis aujourd’hui la meilleure version de moi-même, jusqu’à l’introspection de demain. Et s’il faut multiplier les larmes, c’est parce que la digestion des émotions passe par ce nettoyage oculaire. Je dois juste penser à bien m’hydrater ^^