Il y a des messages qui nous parviennent de temps en temps, qui s’installent et ne nous quittent plus. Ils tournent et reviennent sans cesse, que ce soit dans les paroles d’une chanson, le contenu d’une vidéo, les sages paroles d’un.e ami.e ou lors d’un consultation avec son psy… Vous me direz, je le paye assez cher pour qu’il me donne des conseils.
Le message qui tourne actuellement, c’est « sors de ta tête et agis dans la matière ». Que ce soit une méditation qui me rappelle que le corps doit exister, que ce soit un entretien où l’on me demande comment je compte me mettre en mouvement pour stopper la rumination mentale, et même l’étude de mon thème astral où l’on m’explique que la finalité de mon chemin de vie est de sortir de mon imaginaire pour m’ancrer et commencer à me bouger le cul. Si même l’astrologie s’y met, on va où ???
La vérité, c’est que je le sais tout ça, parce que, oui, c’est le leitmotiv de ce blog, tout cela a déjà été mûrement réfléchi. Pensé, repensé, tourné dans tous les sens et depuis un bon moment maintenant. Alors pourquoi, POURQUOI m’est-il aussi difficile de m’échapper et d’acter les choses ? Pour dire vrai, j’ai une véritable nostalgie de cette période de notre enfance où l’on n’a peur de rien, où ont fait les choses sans se demander si elles ont un sens, si elles auront un effet sur notre vie. Ce moment de l’enfance où l’on ne vit que dans l’instant présent, parce qu’on ne vit pas encore dans nos souvenirs et que l’on ne nous a pas encore appris à anticiper notre existence.
Mais qu’il est réconfortant, cet état de limbes, où les souvenirs peuvent être sublimés et le futur rêvé sans limite. Cet état où les risques n’existent pas vraiment, où tout peut être encore rattrapé ou embelli, où l’on ne craint pas grand chose. Où l’on peut revenir sur notre scénario, le modifier à loisir, tester toutes les options pour être sûre, si cela existe, de faire les bons choix dans la réalité.
Est-ce que ça provient de là ? Est-ce la peur de prendre des risques ? De se tromper ? D’avancer dans la mauvaise direction et d’en souffrir ? Oh, je ne suis pas naïve au point de réellement me poser cette question. Je sais bien que la réponse à tout cela est un OUI sonore, qui résonne sur les parois de mon cerveau. Mais la mise en mouvement est d’une douleur intense, tant la peur est grande. La peur de se tromper, de faire le mauvais choix, de passer, peut-être, à côté d’opportunités. C’est marrant parce que je suis la première à conseiller aux autres d’agir, de sortir de sa tête. Je m’entends encore dire à un ami « Il n’y a pas de mauvaise décision, sauf peut-être de ne pas en prendre ». Me voilà bien obligée de m’appliquer les leçons que je donne aux autres, non ?
La formatrice, la psy de comptoir, tous ces rôles où je conseille sans faire moi-même. Ça, pour donner mon avis, il y a du monde. Le pire, c’est que je sais être d’excellent conseil pour mes amis. Mais c’est probablement encore se cacher derrière les autres, peut-être pour voir si ces recommandations si gentiment, fermement voire brutalement données fonctionnent pour les autres. Alors, peut-être, pourrais-je me les appliquer. Regardez-moi, me lamenter encore une fois sur ma pauvre tête trop perchée ^^
Alors que finalement, je ne fais pas que penser aux choses, je les écris également, non ? J’écris ce qui me traverse et qui, sans doute, traverse d’autres personnes. J’écris pour exorciser, sortir, que dis-je expulser ces pensées qui tournent et me bloquent. C’est une activité que je fais, comme beaucoup d’autres, du fond de mon canapé, dans le calme de mon appartement, dans mon monde, encore et toujours. Mais je fais, non ? Cette question là est une vraie question pour le coup. Parce que pour moi, agir, c’est mettre son corps en mouvement, bouger, avoir un effet sur la matière. Mais écrire, est-ce agir ? Parce que finalement, le corps est de la partie, et pendant le temps ou je couche les mots sur mon clavier, ma tête est totalement à ce qu’elle fait. Pas de pensées intrusives, de digression agressive ou de procrastination. La tête et le corps sont à ce moment-là unis dans un seul et même but : accoucher d’une idée, d’un concept, d’une histoire. Et l’ancrage, c’est bien cela, non ? Tête et corps unis dans l’instant présent, sans rêverie nostalgique ou anticipation forcenée.
Et une fois le texte écrit, quel rush, quelle joie d’avoir réussi à sortir ce qui se cognait aux parois de mon crâne. Quelle décharge d’adrénaline de le mettre en ligne, dans l’espoir que d’autres puissent trouver force ou réconfort dans ces écrits. Quel kiff de savoir qu’une toute petite partie de moi est maintenant livrée aux autres, qu’elle ne m’appartient plus, qu’elle me tourmentera moins maintenant que la dissection est finalisée.
Alors oui, je pense avoir la réponse à cette question. Ecrire, c’est agir. Ce n’est pas aussi visible qu’une bonne séance de sport, mais c’est tout aussi intense. C’est probablement ça, la cause de mes maux de tête, des courbatures cérébrales ! 😇